Immense merci à Nelly pour cette excellente critique!

Le 14 juin 1940, l’armée allemande rentre dans Paris et les années sombres recouvrent la France pour plusieurs années. Les jours qui suivent, le service de renseignement de l’armée de la Confédération helvétique, le SR, sous les ordres du général Guisan, s’active aux frontières de la Suisse Romande. En même temps, la communauté internationale du renseignement basée à Genève depuis 1936 se mobilise sous la férule du vice-consul anglais, Victor Farrell. Peu à peu des filières de passage entre la France et la Suisse romande se mettent place, la résistance s’organise entre Genève et Lyon en concertation avec les espions installés à Genève.
Hannah Leibowitz, échappée de justesse du ghetto de Lodz, arrive à Genève en juin 40 avec son fils Avram âgé de 2 ans. Elle prend la tête d’un groupe de femmes de toutes nationalités et résolument décidées à lutter contre la barbarie nazi. On les dénomme : Les Espionnes du Salève.

Elles seront confrontées à des collaborateurs sournois prêts à les dénoncer, à des agents allemands de l’Abwehr déterminés et agissant en Suisse sous couverture et à des trafiquants en tout genre.
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Les Espionnes du Salève : l’envers du miroir, de Mark Zellweger est un roman d’espionnage humain et impitoyable qui m’a fait replonger dans une période familiale très particulière puisque ma mère était elle-même agent de liaison dans la Résistance en 1940 et que mon père était né en Suisse.
J’ai été littéralement emportée par le récit très détaillé et à la fois très vivant du quotidien de ces Espionnes magnifiques qui risquaient leur vie pour une cause qu’elles estimaient juste.
Passés les premiers chapitres très techniques permettant de poser le contexte historique, logistique et humain des différents protagonistes, on est très vite stupéfait par les ressources hors-normes et la détermination sans faille de ces femmes de l’ombre qui menaient leurs missions jusqu’au bout au péril de leur vie.

Dans la tendresse qu’il met au fil des pages à nous les raconter dans leur quotidien de femmes mais aussi dans leur guerre contre le fou de Berchtesgaden, on sent l’immense respect de l’auteur pour ces femmes au mental de guerrières.
Par ailleurs, ayant longtemps été conseiller particulier dans le renseignement international de premier plan, l’auteur nous décrit avec une précision sidérante les rouages d’un contre espionnage helvétique à l’extrême opposé de la légendaire et parfois conspuée réputation de neutralité de ce pays.

Le roman du roman, en toute fin du livre, nous dévoile, en outre, combien ce parcours de recherches historiques fut laborieux mais extraordinaire.
Ce roman n’est pas un polar, cependant, le suspense est tellement bien mené que le lecteur aborde les derniers chapitres en étant littéralement suspendu aux pages qui défilent pour connaître le sort de ces espionnes incroyables.

En 1969, Jean-Pierre Melville avait réalisé le superbe film L’armée des ombres afin de rendre hommage aux résistants français. Je pense que Les Espionnes du Salève mériterait une adaptation cinématographique pour rendre le même respect au vaillant peuple suisse de l’ombre.

Critique des Espionnes du Salève, à décoiffer